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Mes p'tits billets... pas toujours doux !

Ce blog est dédié à mes rencontres, mes passions, et à ma si jolie ville, Albi, coeur d'Occitanie. Pour le plaisir du partage, de l'écriture et peut-être, le vôtre... celui de la lecture !

Souvenirs d'enfance

Souvenirs d'enfance

Une page de mon enfance se tourne doucement... un départ,  même sur le tard de la vie, reste un départ. Il faut l'admettre,  le rendre le moins douloureux possible... le seul moyen que j'ai trouvé, mon cher oncle, c'est de t'écrire ce petit mot. Te revoir, à travers mes paupières closes, sourire, croiser encore ton regard clair, empreint de douceur et parfois de malice, retrouver tes mains d'homme de la terre, que tu frottais souvent, lentement, l'une contre l'autre, entendre ton pas, tes bottes en caoutchouc qui crissent dans la cour, et ressentir ta main sur mon épaule que tu laissais parfois posée à défaut de savoir m'embrasser.  Ta pudeur délicate ne m'a pas empêchée de ressentir ton affection, et j'ose espérer que tu n'as jamais douté de la mienne. En quittant Beurac aujourd'hui,  j'ai remercié tes filles de m'avoir prêté, le temps de quelques étés,  leur bienveillant papa quand le mien me manquait tant. Votre maison, comme une île baignée par des flots d'amour.  Votre amour, celui que tu partageais avec ta femme chérie. Celle que tu trouvais toujours aussi belle après 65 ans de vie commune. Celle sur laquelle tu portais le plus doux, le plus noble et le plus tendre des regards. Ton amour pour Elle m'a marqué tant je l'ai trouvé beau. La voir sans toi aujourd'hui me rend si triste. Elle sourit toujours, mon cher oncle,  mais elle a dans son regard, une petite lumière qui s'est éteinte. Elle sourit toujours, mon cher oncle, parce qu'elle te sait en paix. Nous veillerons sur elle, pour qu'elle sourit encore longtemps.

Je n'ai rien oublié des odeurs, des couleurs et des saveurs qui ont rythmé mes vacances à Beurac... la distillerie et ses grands alambics en cuivre, ton bureau toujours frais, le bruit du tracteur, les framboises, les confitures de tatie, ton café dans ton verre, le gros pain du boulanger, les sacs remplis de blé sous le hangar, le poulailler et  les oeufs frais, le étiquettes qu'on collait sur les bouteilles de pineau, les treets de Grand-père qu'il distribuait au creux de nos petites mains et qui n'avaient pas le temps de fondre, les tartines à la crème de lait et au sucre, le fromage de chèvre frais. Non. Je n'ai rien oublié. Sais-tu combien ces doux souvenirs comptent, peux-tu imaginer à quel point ils ont contribué à ma construction... la bancale petite fille que j'étais a grandi, et elle mesure tout cela aujourd'hui. Ton flegme presque britannique, ta lenteur élevée au rang de sagesse, ta discrétion empreinte d'une extrême délicatesse, et tes gaffes maladroites qui faisaient enrager tatie. 

Ce matin, avant de partir, je t'ai dit que je t'aimais tonton. Je ne t'ai pas menti.

J'espère que de là-haut, tu verras tes vignes... et puis tatie sourire. 

Hélène 

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